Il s’agit de penser l’espace dans son double caractère, physique et social, le premier étant trop souvent seul considéré. C’est-à-dire penser l’espace comme support et instrument des relations de travail et l’appréhender au travers des pratiques, des représentations et des significations que déploient les personnes et les groupes qui le conçoivent, le gèrent et l’utilisent. Plusieurs enjeux centraux s’y croisent et influent sur les risques psychosociaux : la reconnaissance de l’individu par son milieu social, sa place dans l’organisation et la possibilité de construction d’un collectif de travail.

Nous éclairerons les enjeux de l’espace en matière de risques psychosociaux en partant des positions complémentaires mais conflictuelles des concepteurs et gestionnaires des bâtiments, d’une part, et des utilisateurs, responsables et agents occupants des lieux de travail, d’autre part. Dans un premier temps, nous examinons les aspects organisationnels et fonctionnels de l’espace en tant qu’enjeux de la conception architecturale et de la gestion des bâtiments. Dans un deuxième temps, nous abordons la dimension sociale de l’espace à partir des pratiques managériales en matière de « ressource spatiale » et du vécu des utilisateurs. Ces deux entrées mettent en lumière les conséquences des visions restreintes de l’espace de travail adoptées par les entreprises et le rôle de l’espace dans les situations de souffrance au travail.