Le CLT : matériau de construction massif

Intervention pour les rencontres internationales « Journées bois : Echanges interdisciplinaires sur les bois et les sociétés » organisé par l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, le Groupe de Recherches Sciences du bois et le label Dynamites à l’Institut National d’Histoire de l’Art à Paris, les 18 et 19 novembre 2021.

Cette communication se propose de présenter un panorama de réalisations architecturales contemporaines où les équipes de maîtrise d’œuvre ont détourné les panneaux de CLT de leur fonction première, à savoir des voiles horizontaux ou verticaux. Ils ont ainsi expérimenté des formes originales, des nouvelles configurations ou encore le réemploi de chutes de découpe. Ces recherches ont permis aux acteurs spécialisés dans la construction bois, des architectes aux charpentiers en passant par les ingénieurs, de développer des compétences et des savoir-faire propres à la mise en œuvre du CLT, matériau de bois d’œuvre.

Le développement de la filière bois-construction, organisée autour d’une ressource naturelle, renouvelable et a priori neutre en carbone (Berthier, 2017), a fait l’objet au cours de ces dernières années d’une phase d’accélération notable. Le CLT (cross laminated timber), des panneaux de bois massif lamellé-croisé considérés comme une innovation technique, accompagne ce changement jusque dans l’échelle des réalisations. Alternative aux trois systèmes constructifs courants, ces panneaux structurels autorisent de très grandes portées, tant en murs qu’en planchers. Leurs caractéristiques mécaniques ont permis aux filières bois de se lancer dans une course médiatisée « à la grande hauteur » (Green, Karsch, 2012) et aux surfaces importantes de bâtiments dits « tout bois ».

Ce changement d’échelle, dans les réalisations comme dans le rayon d’action, fait apparaître une reconfiguration du jeu d’acteurs. Assimilables aux voiles béton, la mise en œuvre des panneaux de CLT peut être assurée par des ouvriers peu qualifiés, au bénéfice des entreprises générales et parfois au détriment des charpentiers. Du côté des concepteurs, si certains considèrent le CLT « comme une alternative vertueuse à la construction traditionnelle », d’autres interrogent la pertinence de son emploi hors des immeubles de moyenne hauteur et remettent en question son impact sur les savoir-faire. Aussi, face à ces différents positionnements, certains architectes, ingénieurs et entreprises cherchent à explorer de nouvelles capacités des panneaux CLT, tout en respectant les savoir-faire et le champ d’action de chacun dans un contexte propice à l’expérimentation.