Secteur public et enjeux identitaires de la profession d’architecte

BRUANT (C.), CALLAIS (C.), LAMBERT (G.), 2022. Les architectes et la fonction publique XIXe-XXIe siècles. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, p. 45-50.

Malgré l’image médiatique persistante de l’architecte libéral concevant de prestigieux ou plus modestes bâtiments, les activités des architectes n’ont cessé d’évoluer au cours des ans, provoquant des conflits identitaires au sein de cette profession réglementée. En effet, ce que l’on nomme depuis bientôt un demi- siècle, « la diversification des métiers de l’architecture » a généré, aux côtés des architectes exerçant la maîtrise d’œuvre en libéral, un nombre croissant de professionnels des secteurs privés et publics n’ayant pas l’obligation de s’inscrire à l’Ordre des architectes. Seule une minorité de ces derniers y sont donc présents, ce qui a contribué à leur invisibilité. C’est notamment le cas de architectes travaillant dans la sphère publique.
Aux côtés d’un certain nombre de leurs confrères libéraux au sein de l’association Mouvement, ces architectes de la « diversité » ont œuvré depuis des décennies pour ouvrir les frontières de la profession aux « invisibles » qui participent à son renouvellement. Sous l’impulsion des élus de ce courant, l’Ordre des architectes a réalisé au début du nouveau siècle un travail de reformulation et de réaffirmation de la profession d’architecte, entre ouverture à de nouveaux profils professionnels et réaffirmation de la maîtrise d’œuvre comme critère distinctif du métier.
Si le projet d’intégrer au sein de l’Ordre l’ensemble des diplômés architectes n’a pas abouti à ce jour, leur action au tournant du siècle illustre bien les convulsions internes d’un corps professionnel pour s’adapter à l’évolution des activités, à partir de ses marges tout en réaffirmant son cœur de métier.

Voir en ligne : Présentation de la publication sur le site des éditions PUR