L’élu, le citoyen et le praticien. Chroniques urbaines.

L’expérience du projet urbain participatif dans les petites villes

Thèse de doctorat en Architecture, Urbanisme et Environnement de l’Ecole Doctorale l’Abbé Grégoire du CNAM, sous la direction scientifique de Jodelle Zetlaoui-Léger, LET (ENSAPLV) et Loïc Blondiaux, CESSP (Université Paris 1 La Sorbonne), sous la direction professionnelle de Nolwenn Dulieu (Atelier du Lieu, Nantes), 2020.

Dans un contexte national de transfert des compétences à l’échelon intercommunal, de diminution de leurs ressources et d’affaiblissement de leurs prérogatives réglementaires, les élus locaux de petites villes et leurs services techniques sont confrontés à des enjeux qui dépassent bien souvent leurs compétences et les moyens dont ils disposent. Or, la mise en œuvre d’un projet urbain participatif suppose d’opérer un changement de paradigme vis-à-vis des cultures politiques et professionnelles dont ils ont hérité. Elle rend manifestement nécessaire de repenser leurs rôles et leurs modalités d’intervention.

À partir de l’expérience d’une agence d’architecture et d’urbanisme, cette thèse analyse la place et les modalités d’action de l’élu comme « Maître d’Ouvrage occasionnel » dans le cadre de projets urbains organisés avec des ambitions participatives importantes et habituelles pour la collectivité. Fondée sur trois études de cas, elle décrit et interprète les difficultés conjointement rencontrées par la petite ville et la structure qui l’accompagne. En s’appuyant sur une démarche de « participation observante » et sur la Théorie de la Régulation Sociale, cette recherche examine les conflits et négociations au sein du système d’acteurs du projet urbain dans lequel gravite l’élu local. Elle met en évidence l’importance pour une agence d’architecture et d’urbanisme de parvenir à décrypter les enjeux sous-jacents qui régissent l’action et la prise de décision.

Les attitudes des élus face à la participation sont diverses. Mais cette perspective leur apparait encore surtout comme une contrainte et une source d’incertitude, d’autant plus qu’ils se trouvent actuellement institutionnellement fragilisés.

La montée en puissance du niveau intercommunal bouleverse leur rôle : l’élaboration des principales décisions tend à leur échapper autant qu’elle devient mystérieuse pour les citoyens impliqués. L’opacité des mécanismes de décision, liée à la reconfiguration du système politique local, s’accentue d’autant plus que l’ingénierie de projet dans les petites villes est peu maîtrisée par les élus et leurs services techniques.

Les difficultés à mettre en œuvre un dispositif participatif tiennent aussi à la faible acculturation des élus locaux aux démarches de projets urbains, et aux types d’études ou d’expertises qu’elles nécessitent de mobiliser. De son côté, une agence d’urbanisme et d’architecture, jusqu’alors plutôt habituée à intervenir comme maître d’œuvre urbain ne dispose pas forcément au départ des compétences en interne lui permettant d’appréhender et d’analyser les systèmes d’acteurs auxquels elle est confrontée, dans toutes leurs subtilités.

Elle doit ainsi acquérir de nouveaux savoirs dans ce registre pour pouvoir mieux accompagner ces démarches. Elle peut alors jouer un rôle de levier dans la mise en œuvre d’une méthode de projet urbain participatif allant au-delà de l’application de quelques outils. Pour autant, le niveau d’aboutissement de sa mission et de ce type d’initiative paraît surtout dépendre de la volonté et de la capacité du maire ou du président de l’intercommunalité, à porter et à assumer cette démarche auprès des habitants et des autres acteurs politiques et institutionnels.

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