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Nous nous intéressons aux activités de conception architecturale, urbaine ou paysagère, considérées comme ensemble des pratiques qui concourent à la définition des projets. Focalisés sur les acteurs de la conception, nous prenons en compte les relations de ceux-ci avec l’ensemble des milieux concernés par les projets, et notamment leurs destinataires, ainsi qu’avec les objets ou aménagement produits.
Le LET étudie l’organisation des activités, à l’échelle individuelle et collective, les coopérations, concurrences et négociations qui marquent l’élaboration des projets, leur mise en œuvre et leur réception.
Insister sur le travail d’architecture et d’urbanisme, c’est étudier ses cadres matériels et de pensée, les savoirs et les outils, les compétences et répertoires d’action mobilisés, ainsi que les réseaux et collectifs au sein desquels il se déploie. C’est aussi s’interroger sur la construction de ces savoirs et compétences, leur capitalisation et leur circulation.

Rappelons que nous nous intéressons aux activités de conception architecturale, urbaine ou paysagère, considérées comme ensemble des pratiques qui concourent à la définition des projets, sans se limiter aux découpages a priori, comme celui qui oppose maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre par exemple. Focalisés sur les acteurs de la conception, nous prenons en compte les relations de ceux-ci avec l’ensemble des milieux concernés par les projets, et notamment leurs destinataires, ainsi qu’avec les objets ou aménagement produits.
Choisir la notion de travail signifie que l’on s’intéresse à l’organisation des activités, à l’échelle individuelle et collective, à ses composantes et à son organisation, aux coopérations et concurrences interprofessionnelles, ainsi qu’aux négociations qui marquent les relations de travail pour l’élaboration des projets, leur mise en œuvre et leur réception.
Insister sur le travail d’architecture et d’urbanisme, c’est étudier ses cadres matériels et de pensée, les instruments de l’activité, les savoirs et les outils, les compétences et répertoires d’action mobilisés, ainsi que les réseaux et collectifs au sein desquels il se déploie. C’est aussi s’interroger sur la construction de ces savoirs et compétences, leur capitalisation et leur circulation.
Le travail de conception est l’œuvre d’acteurs inscrits dans des champs professionnels évoluant selon des dynamiques de positionnement et de construction des identités professionnelles, qui contribuent à organiser les relations entre les différents acteurs des projets et les rapports entre les divers champs professionnels. Mais le travail de conception s’inscrit plus largement dans le champ économique, social et politique qui non seulement suscite et reçoit les œuvres des concepteurs, mais contribue aussi à modeler les conditions d’exercice de leurs activités.

L’évolution des contextes des activités de conception a notamment été synthétisée dans deux publications auxquelles nous avons participé [1]. Retenons ici quelques tendances qui nous semblent marquer durablement les conditions d’élaboration des projets architecturaux et urbains. La fragmentation des contextes d’action et des processus de décision et la multiplication des acteurs intervenant dans l’élaboration des projets a suscité le développement des fonctions de coordination et de pilotage des projets. Au sein de ceux-ci, les préoccupations liées à « l’aval », à savoir la réception et l’usage, font davantage retour sur les phases « amont » et suscitent l’apport de nouvelles compétences dans l’étude des projets. Les fonctions d’assistance à maîtrise d’ouvrage se sont développées et des figures professionnelles nouvelles émergent, qui assurent notamment des fonctions de développement de projet et de médiation entre les partenaires ou les acteurs concernés par le projet. Enfin, le renouvellement de l’intérêt porté aux clients et utilisateurs conduit à associer dans la conception des projets des savoirs de nature hétérogène, savoirs professionnels et savoirs profanes, qui interrogent et transforment les pratiques de conception.
Tenant compte de ces évolutions, nous portons le regard sur les nouvelles interactions qui se déploient entre concepteurs, commanditaires et utilisateurs, ainsi que sur les médiations portées par les pratiques, les discours et les images au travers desquels se socialisent les activités de conception architecturale et urbaine et les œuvres qui en résultent. Le travail des professionnels est ainsi appréhendé dans la dynamique d’élaboration des projets et au-delà de ceux-ci, dans le travail quotidien pour faire reconnaître ce travail dans le champ professionnel et social [2]. Dans cette perspective, nous considérons l’ensemble des acteurs et des objets qui y concourent dans un mouvement qui redéfinit simultanément leur place et leur identité sociale, selon un point de vue proche de certains courants de la sociologie des sciences. La volonté d’éclairer les particularités sociales et culturelles des activités de conception architecturale et urbaine nous conduit à mettre en œuvre une démarche pragmatique ou socio-sémiologique pour explorer les aspects symboliques du travail des professionnels et l’ensemble des médiations qui inscrivent leur activité et leurs œuvres dans la société.

D’autres univers conceptuels et méthodologiques sont convoqués pour répondre aux exigences propres de chacun des axes thématiques qui composent notre projet scientifique. Il importait de signaler en introduction que ces appuis et emprunts s’inscrivent dans la perspective d’ensemble d’une conceptualisation du travail de conception architecturale, urbaine ou paysagère.

Trois axes thématiques ont été retenus pour structurer notre projet scientifique :
 Conception, usages, expériences
 Images et médiations architecturales et urbaines
 Identités et polarités professionnelles

Notes

[1Bonnet M., dir., La conduite des projets architecturaux et urbains : tendance d’évolution, Paris, La documentation française, 2005 et Courdurier E., Tapie G. dirs., Les professions de la maîtrise d’œuvre en France, La documentation française, 2003.

[2Cf. les travaux du LET : C. Camus, E. Chapel, I. Grudet, présentés dans le rapport d’évaluation, et aussi un ouvrage auquel ces chercheurs ont participé : Pousin F., dir., Figures de la ville et construction des savoirs, Paris, Cnrs éditions, 2005.