Un partenariat de recherche dans le cadre d’un projet de constructions modulaires et mobiles
communication au colloque Le projet comme terrain de la recherche contributive, organisé par AE&CC, ENSA de Grenoble, les 9 et 10 décembre 2024.
Depuis 2022, le Laboratoire Espaces Transformations (LAVUE – CNRS 7218) est engagé dans un partenariat de recherche lié à la démarche « Toits Temporaires Urbains » (TTU) visant le développement et le déploiement « d’une solution hautement qualitative de constructions déplaçables, en structure bois » afin de répondre à des besoins notamment d’hébergement d’urgence sur des fonciers temporairement vacants. Porté par un groupement d’acteurs institutionnels, TTU organise en 2021 un « Partenariat d’innovation » pour satisfaire ces exigences. Un chercheur du LET, mandataire de l’équipe d’architectes retenue pour cette procédure, favorise alors un rapprochement entre le laboratoire et TTU à l’occasion de l’AMI « Engagés pour la qualité du logement de demain ».
La présente contribution porte sur les conditions, apports et questionnements liées à la construction de cette situation de recherche arrimée à une situation de projet. La collaboration entre chercheurs et acteurs du projet s’est établie progressivement autour d’échanges instaurant une confiance mutuelle, et autour de la volonté de développer des outils facilitant la coproduction de savoirs.
Un outil clé proposé dans le cadre du partenariat de recherche est le « mémento », visant à formaliser et transmettre les enseignements des expérimentations, notamment celle de la première opération d’une construction modulaire pour un hébergement d’urgence à Stains (93). Basé sur une « évaluation constructive » intégrant les retours des usagers et gestionnaires des espaces, il se décline en deux volets : l’un, désigné « Haute Qualité d’Usages », est axé sur les conditions de vie et l’appropriation des espaces, l’autre, « Montage d’opération », porte sur les processus et décisions structurant TTU. Plutôt qu’un cadre figé, il sert de repère, de base de réflexion pour adapter les futures opérations aux contextes spécifiques. Son élaboration s’appuie aussi sur des visites collectives de centres d’hébergement, en France et à l’étranger, suivant un protocole mis au point par les chercheurs.
Le projet hébergement à Stains a révélé des ajustements fonciers impactant l’agencement des espaces et la qualité des aménagements extérieurs. L’approche modulaire a parfois occulté leur importance, et des tensions sont apparues entre contraintes budgétaires et qualité d’usage. Un atelier a été proposé pour anticiper ces enjeux et renforcer les espaces extérieurs comme lieux de sociabilité.
A mi-parcours, la recherche pose la question de sa capacité à transformer des « moments réfléchissants » en « moments apprenants », notamment au sujet de l’appropriation des mémentos par les acteurs et leur diffusion au-delà de l’expérience de Stains. Si certains aspects, comme l’élaboration d’un mémento « haute qualité d’usages », semblent bien engagés, d’autres restent incertains, notamment l’intégration de TTU dans les opérations d’urbanisme et la gestion du cycle de vie des modules.
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