Hybrider les savoirs de l’autoproduction et de l’écologie.

Le cas de la transformation d’un barrio de Caracas

Marcos Colina, « Hybrider les savoirs de l’autoproduction et de l’écologie », en V. Didelon (Éd.), Ce que l’architecture fait dans l’écologie (p. 160). Éditions 205.

Partie 3. Ce que les architectes pourraient faire à l’écologie
Chapitre 1 : Hybrider les savoirs de l’autoproduction et de l’écologie. Le cas de la transformation d’un barrio de Caracas

Introduction du chapitre :

Mon intention est ici de proposer une réflexion sur les échanges entre professionnels et habitants dans le cadre d’opérations de transformations urbaines au sein de territoires dits autoproduits. Dans quelle mesure l’injonction à l’écologie dans le processus d’aménagement d’un quartier autoproduit induit-elle en effet un renouvellement des approches et des pratiques des habitants et des architectes ? D’autre part, la notion d’écologie peut-elle voir sa signification s’enrichir au niveau des citoyens comme dans les débats scientifiques ? Pour tenter de répondre à ces questions, je voudrais ici partager une expérience de terrain relative au quartier de Catuche à Caracas au Vénézuéla, où les acteurs locaux développent l’idée de vivre autrement avec une rivière. Pour les habitants, il s’agit de remettre en cause leurs pratiques habituelles de construction et d’usage dans leur milieu de vie, au regard des enjeux environnementaux. Pour les architectes concernés, il s’agit de changer la manière dont ils mobilisent dans un contexte de fragilité permanente les discours sur l’écologie et modifient in fine leur pratique du projet. Enfin, il s’agit de montrer que l’écologie entendue comme une éthique de l’action, et l’autoproduction entendue comme un processus de fabrication urbaine marquée par la survie et l’urgence ne sont pas mutuellement exclusives. Au contraire, leur croisement sur le terrain peut, me semble-t-il, conduire à un renouvellement des savoirs et des pratiques de tous les acteurs impliqués.

Résumé de l’ouvrage :

Ouvrage collectif sous la direction de Valéry Didelon, architecte, historien et critique d’architecture
Collection « AAA… »

En contrepoint de l’abondante littérature existante qui porte sur ce que l’écologie fait à l’architecture, le présent ouvrage renverse la perspective et ouvre un débat. Les auteurs rassemblés au sein de l’ouvrage, chercheurs et praticiens, s’interrogent en effet sur les multiples manières qu’ont les acteurs de l’aména­gement des espaces construits — architectes, paysagistes, ingénieurs, etc. — de façonner les attentes de la société en matière de lutte contre le dérèglement climatique, l’épuisement des ressources et l’effondrement de la biodiversité.

Ce que l’architecture fait à l’écologie montre que leurs pratiques et discours déterminent les conditions de production du cadre bâti autant qu’ils sont déterminés par celles-ci. Dans cet ouvrage, l’archi­­tecture est ainsi considérée comme l’un des laboratoires où s’inventent la technique, l’esthétique et plus encore l’éthique qui peut orienter et guider l’action collective dans le monde qui vient. L’ouvrage est dirigé par Valéry Didelon qui, dans ses nombreux écrits, explore l’hétéronomie de l’architecture, c’est-à-dire les dépendances croisées entre logiques formelles, techniques et sociales au sein des processus de conception et de construction.
Il pose le cadre général de l’ouvrage et présente les trois parties qui le structurent et ouvrent des perspectives critiques sur le passé, le présent et le futur des relations entre architecture et écologie.

Voir en ligne : éditions 205