Des groupements initiés ou portés par des architectes, structurés par exemple en association ou coopérative, interviennent dans la transformation d’espaces publics ou délaissés, et explorent des formes d’élaboration des lieux comme biens communs. Ce milieu aux contours relativement flous, habituellement reconnu sous l’appellation de collectifs, a longtemps été perçu comme marginal par rapports aux acteurs traditionnels de la fabrication de la ville et assimilé aux professionnels de la participation, ce qui pourtant ne va pas de soi.

Participant au processus de démocratisation de l’architecture, les pratiques des collectifs d’architectes ont longtemps été perçues comme de l’activisme politique faiblement professionnalisé, ciblant les populations défavorisées. L’évolution du cadre réglementaire incitant les acteurs publics à impliquer les populations dans les projets urbains, ou encore les attentes de la transition écologique appelant à plus de sobriété dans la production architecturale et urbaine, font que, depuis le début des années 2010, des collectivités élaborent des appels d’offres qui ciblent plus particulièrement ces collectifs. Participation, pédagogie, autoconstruction semblent aujourd’hui définir les activités de ces professionnels maintenant invités dans le concert des acteurs de la fabrique urbaine. Ils renouvellent les démarches de conception questionnant les séparations entre les fonctions traditionnelles de maîtrise d’ouvrage (élaboration de la commande), de maîtrise d’œuvre (mise en forme des espaces) et d’exécution des projets (réalisation et phase chantier), et perturbant la hiérarchie entre les savoirs habituellement convoqués et légitimes pour la définition des projets.