Dynamiques d’acteurs autour de réalisations architecturales labelisées

Du secteur de la construction au secteur forestier

Intervention pour le séminaire « Labels et patrimoines forestiers » organisé par le Groupe d’Histoire des Forêts Françaises, Sorbonne Université et l’Office National des Forêts à la médiathèque de l’architecture et du patrimoine à Charenton-le-Pont, le 28 janvier 2022.

Au sein de la fabrique de la ville (Biau, Tapie, 2009), la transition écologique génère une montée en puissance des prescriptions normatives (Matthey, Gaillard, 2011), entrainant depuis deux décennies le secteur de la construction dans une course aux labels [1]. Parallèlement, les politiques publiques encouragent également [2], à l’échelle nationale et locale, l’emploi du matériau bois dans la composition des édifices. Garantes des processus de circuits courts et d’une traçabilité de la ressource, appellations d’origine contrôlée et autres marques de certification [3] (Lenglet et Peyrache-Gadeau, 2020) s’ajoutent ainsi peu à peu à l’arsenal de la trentaine de labels en place dans le monde du bâtiment et commencent à apparaitre dans le champ de la recherche en architecture. Dans la continuité des articles qui interrogent l’impact de certains labels sur les pratiques professionnelles, comme les AOC Bois de Chartreuse (Coste, 2010) et Kitayama sugi (Jacquet et Flores Urushima, 2021), cette communication propose de questionner la manière dont la valorisation des labels autour du bois font apparaitre de nouvelles dynamiques organisationnelles et de nouveaux acteurs au sein de la construction, entre les concepteurs (architectes et ingénieurs) et les forestiers en passant par les charpentiers, les industriels, les fabricants ou encore les scieurs. Avec l’appui d’un panorama illustré d’une vingtaine de réalisations architecturales en structure bois ayant fait l’objet d’une labellisation, majoritairement issues de marchés publics, cette communication emprunte les outils d’enquête de la sociologie pour restituer le point de vue et le positionnement de différents acteurs interrogés dans le corpus d’entretiens de la thèse.

[1] Voir notamment la créations des labels HQE en 1996, Effinergie en 2005, Bâtiment basse consommation en 2007 (BBC, préfigurant la règlementation thermique RT2012), Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) en 2011, Bâtiment biosourcé en 2013, E+C- en 2016 (préfigurant la règlementation environnementale RE2020), Bâtiment bas carbone en 2017 (BBCA)... Voir plus généralement à ce sujet le rapport du projet ANR LaPIn « Labelliser pour innover dans la construction durable » dirigé par Alexandre Mallard en 2018.

[2] Voir par exemple les initiatives telles que l’accord-cadre « Bois, construction, environnement » (2009) et le Plan Bois 1 (2012), la création du Comité Stratégique de Filière bois en 2014 par le Conseil National de l’Industrie, qui pilote notamment les contrats stratégiques de filière bois (2014/2017, 2018/2022), les Plans Bois Construction 2, 3 et 4 (2014/2017, 2018/2021, 2021/2024) ainsi que les premières moutures de la RE2020.

[3] Voir le recensement réalisé par Jonathan Lenglet dans la revue en ligne Forestopic (« Les labels pour le bois local sont-ils efficaces ? », 28 novembre 2018), avec notamment PEFC construction, Terres de hêtre, AOC Bois de Chartreuse, sapin du Jura, bois des Alpes...