Le quartier comme lieu d’émergence, d’expérimentation et d’appropriation du développement durable

Analyse à partir du processus d’aménagement de deux quartiers européens, Vauban (Allemagne) et Hyldespjaeldet (Danemark)

Thèse en aménagement et urbanisme, Université de Tours, 2008, 495 p.

Les « quartiers durables » sont de plus en plus nombreux à éclore un peu partout en Europe, dans un contexte de mise en question des principes de l’urbanisme appliqués en Europe depuis une quarantaine d’années. Ces expérimentations pilotes participent d’un mouvement de territorialisation de la problématique de développement durable. Cette territorialisation s’accompagne, depuis un peu plus d’une décennie maintenant, d’une multiplication d’initiatives et de mobilisations locales attestant d’un phénomène d’appropriation du développement durable par les collectivités locales.

Le travail de thèse porte sur les processus d’aménagement de quartiers urbains durables, analysés en tant que processus de territorialisation du développement durable. Nous posons l’hypothèse selon laquelle ces initiatives locales, si elles sont encore minoritaires, contribuent toutefois à un renouvellement de la réflexion urbanistique. Les nouveaux quartiers écologiques, certains processus d’agendas 21 locaux incarnent ce mouvement de renouvellement (à la fois dans la réflexion et dans la pratique). La recherche vise donc à interroger la capacité de ces processus d’aménagement à renouveler la réflexion urbanistique.

Nous tenterons de caractériser les processus d’aménagement durable à travers l’analyse de deux quartiers européens. Il s’agit d’une part d’un quartier neuf construit à Freiburg en Allemagne dans un contexte de densification urbaine, et d’autre part d’un quartier dans une ville nouvelle des années 1960 en périphérie de Copenhague, dans un contexte de renouvellement urbain des années 1990. Nous observons plus précisément quelles sont les articulations entre la qualité environnementale prônée dans ces quartiers et la réalité sociale qui s’y construit, de façon concomitante.

A partir de l’analyse de ces terrains, la thèse s’interroge sur deux principaux aspects de cette articulation. D’une part, il s’agit plus précisément de questionner l’action des habitants sur leur environnement, et son impact sur ces processus d’aménagement. Or cette interrogation est emblématique des relations homme-nature, du rapport individuel et collectif à l’environnement, ce qui revient à se poser la question de l’actualité des rapports entre l’homme et la nature ainsi que celle de la persistance de certains héritages de la ville fonctionnaliste dans notre conception actuelle de l’environnement ou plus précisément des milieu de vie. Pour y répondre nous remonterons les filiations de ce qu’on appelle aujourd’hui la ville durable et l’architecture durable.
D’autre part, la thèse porte sur l’importance de la question du local, des lieux de vie : comment est-elle perçue aujourd’hui en aménagement ? Nous observons dans quelle mesure ces quartiers expérimentaux bénéficient également de l’influence du design écologique et d’une approche écosystémique, qui propose de s’inspirer plus directement des processus naturels dans l’aménagement. Cette importance du local serait-elle caractéristique d’un nouveau courant dans l’urbanisme ?

On peut supposer que ce nouveau courant de l’urbanisme est l’héritier des prises de consciences successives des limites des modes de développement et de leurs conséquences sur l’environnement. Porté principalement par des réalisations expérimentales (quartiers durables européens, certains agendas 21 locaux), il intègre les technologies environnementales modernes et de nouveaux enjeux environnementaux globaux dans l’aménagement urbain (changement climatique, vulnérabilités aux risques…). Il renouvelle également le champ de l’urbanisme par la mise en débat des politiques et des pratiques d’aménagement, ainsi que par la place accordée aux habitants.

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